Les aides au logement appliquées en 2024 ne seront pas prolongées
Rudolphe ABEN
Les professionnels de l’immobilier se sont réunis hier au Forum da Vinci à l'invitation de Wortimmo, en présence de Claude Meisch, le ministre du Logement. La conférence, intitulée "Immobilier : le gouvernement face à ses responsabilités", a été organisée pour aborder les sujets importants relatifs à la crise immobilière au Luxembourg.
Lors de son intervention, Monsieur le Ministre a répondu aux nombreuses questions posées en direct par les professionnels, qui souhaitaient principalement savoir quelles mesures l'État comptait mettre en place pour stimuler l'acquisition de logements au Luxembourg, aussi bien pour les résidents que pour les investisseurs. « Certaines mesures fiscales ont été introduites pour inciter à l’achat privé, ainsi qu’à l’investissement dans l’immobilier, mais jusqu'à présent, elles n'ont pas eu le succès escompté. Ces mesures sont limitées dans le temps et la fin de l'année approche. J'encourage donc les acheteurs potentiels à profiter de ces opportunités... »
En réponse à une question sur une éventuelle prolongation de ces mesures au-delà de 2024, le ministre a déclaré : « Je ne crois pas en une prolongation des mesures en place, car nous avons constaté qu'elles n'ont pas encore produit l'effet attendu. Je pense que tous les acteurs doivent faire un effort pour que nous retrouvions un équilibre entre les taux d'intérêt et les prix. »
Ce sujet interpelle tous les professionnels de l’immobilier au Luxembourg, confrontés à une crise sans précédent, qui a contribué à une baisse drastique du nombre de transactions, ainsi qu’à une diminution de 16 % des prix pour l’immobilier existant et de 10 % pour les nouvelles constructions (selon les statistiques des actes notariés du deuxième trimestre 2024). Les professionnels présents sur le terrain constatent une baisse plus importante, mais qui reste insuffisante pour débloquer le marché. « Malgré les mesures en place, on observe une reprise des transactions pour l'existant, mais les acheteurs et investisseurs restent réticents à l'acquisition de biens neufs. Et je pense que cela ne fonctionnera que si nous retrouvons un équilibre entre les taux d'intérêt et les prix. Les taux ne reviendront probablement pas à leur niveau précédent et resteront proches de 3 %. Un ajustement des prix est donc nécessaire à court et moyen terme au Luxembourg, car on ne peut pas subventionner durablement cette différence entre le financement et le prix des logements. »
« Le marché doit évoluer de lui-même, et les prix des projets doivent baisser. Je suis conscient que certains promoteurs ont acheté des terrains à un prix trop élevé. Il y a quelques années, nous étions tous dans une autre dynamique, pensant que les prix pouvaient augmenter de 8, 10, voire 12 % par an. Mais nous avons tous vu que le marché ne peut pas soutenir de telles hausses et cette croissance année après année. Un rééquilibrage était donc nécessaire. Je pense que les investisseurs attendent ce moment idéal, où les prix auront suffisamment baissé, touché le fond, et commenceront à repartir doucement à la hausse. Ce sera aussi le moment où les taux d'intérêt se stabiliseront, créant une impression de stabilité. Une fois ces conditions réunies, le marché pourrait repartir très rapidement. »